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Made In World
18 décembre 2011

Le printemps arabe face au jugement de l'Histoire

On aurait pu commencer par "Il était une fois" mais il ne s'agit pas ici d'une simple histoire, ou tout du moins il ne s'agit plus. Il s'agit de l'Histoire, celle avec un grand H, nous pouvons désormais en être certains.

Il y a un an exactement, ce que le monde appelle de façon unanime et feinéante " Le printemps arabe", débutait. D'une façon tristement banale puisqu'il s'agissait d'un jeune homme désepéré qui, suite à une confiscation de son outil de travail, décide de mourir.

Comment cet événement a pu transformer la face de la planète? Car c'est bien tout le visage du monde qui a été bouleversé pour une gifle. Celle de la policière qui n'avait fait qu'appliquer les ordres en retirant la marchandise du nouveau et controversé martyr " Bouazizi".

Et c'est à ce moment là que les "petits" grands de ce monde ont fait semblant de constater que des dictatures existaient un peu partout dans les pays arabes et ailleurs. Les défenseurs hypocrites de la veuve et l'opprimé, les occidentaux, ceux qui vont à la guerre préventive et tuent par souci de ce qu'ils appellent démocratie, s'insurgent au côté du peuple.

C'est à partir de là que la machine, le rouleau compresseur de l'information et des nouvelles technologies entre en jeu. L'association d'un peuple soumis et frustré, conjuguée à l'instantanée de l'image brise, tous les codes.

La notion d'opinion mondiale qui avait commencé a voir le jour en 1989 au moment de la chute du mur, qui avait grandit en 2001, a définitivement atteint le stade adulte. 

Tout le monde s'émeut alors devant la répression sordide des manifestants. Mais qui s'en souciait avant? Des milliers de morts dans les prisons de Ben Ali, des milliers d'exilés et soudainement le vilain dictateur est poussé à l'eau avec la dignité d'un Ben Laden.

Et devant le pression, le féroce et pourtant meilleur ami de l'Europe, fuit. Ce n'est pas l'immolation de Bouazizi ou la gestion de la crise de Ben Ali qui sonne ce qui ressemble désormais une Révolution. C'est l'abdication du dictateur.

Le monde arabe a explosé ce jour, pas avant. Avant c'était une secousse, à l'image du massacre de Homs ou des différents crimes réguliers et impunément commis. Qui s'est soucié des dizaines de milliers de morts d' Al Assad père? Les viols, emprisonnements, tortures et les massacres de Kadhafi? 

Le départ du tyran a provoqué une onde de choc, une véritable lame de fond qui va bien au delà de quelques manifestations. On n'en mesure rien aujourd'hui, seulement des faits. L'Histoire dira si le réveil des peuples a favorisé leur émancipation ou leur chemin vers la démocratie.

Mais dire cela serait convenu et beaucoup trop commun. 

Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Bahreïn, Maroc, Syrie... La liste pourrait être encore très longue. Et personne ne sait ce qu'il adviendra demain ou après demain.

Au lendemain des chutes des tout puissants, tous s'empressaient de plateaux télé en émissions, de journaux en interviews, de jouer les faux prophètes. 

On a atteint le summum de la stupidité et de la foutaise quand Bernard Henri Lévy, le pseudo fameux, BHL a crié au loup de l'extermination de Benghazi. 

Oui la ville allait être rayée de la carte. Mais de quel droit celui qui crachait encore hier au visage de l'islam et du monde musulman jouait les veuves éplorées aux pieds de Sarkozy? Une mascarade de guerre soutenue par l'opinion qui n'avait pour but que de détruire l'empire du plus puissant, excentrique et sordide souverain africain.

Un président craignant ce que tout le monde savait, le financement de sa campagne par les petroeuros libyens. Une manne immense d'or noir, un marché prolifique en vue. Certes le massacre annoncé de Benghazi poussait à l'action, mais pourquoi ne pas avoir agit contre les 40 ans de massacres quotidiens?

9 mois que la Syrie meurt et crie au secours en vain, là ou la Libye n'a attendu qu'un mois. 

Beaucoup de raisons à cela, mais de quel droit l'occident et les plus puissants fixent une échelle des priorités dans la mort en série? De quel droit la vie d'un syrien vaudrait moins que celle d'un libyen? De quel droit, sous pretexte de déstabilisation régionale et d'interêts personnels, la mort serait autorisée à Homs ou Deraa et interdite à Tripoli? 

Qui peut se prévaloir d'avoir les prérogatives de ce triste constat? Beaucoup de monde, à commencer par l'Europe, la vieille. Il y a évidemment les USA, chantres de la démocratie armée et la Chine royaume capitalo-communiste ou la schyzophrénie collective conduit à l'individualisme le plus ignoble.

Aujourd'hui l'Egypte continue de souffrir, peut être encore plus que sous Moubarak et qui s'en mêle? Plus personne.

Quand les journaux ouvraient à travers le monde avec 4 morts en Egypte il y a un an, les 30 ou 40 morts quotidiens ont disparus aujourd'hui des écrans. La dictature militaire qui sévit toujours a fait plus de mort que l'ancien tyran. 

Au maroc les islamistes en tête du gouvernement seront muselés en raison du pouvoir toujours extraordinaire du roi. Des contestataires littéralement cocufiés par des réformes de façade. Un mal ou un bien?

En Tunisie, le martyr Bouazizi est conspué et certains vont jusqu'a remettre en doute son honneteté. Les islamistes assurent ne pas remettre en cause les droits et le systême économique, mais ont ils le choix? Une économie plus basse que terre, un chômage endémique et une corruption qui mine toujours certaines régions comme celle de la ville de Gafsa. Un pouvoir aux mains des anciens opposants quand c'est la jeunesse qui est morte pour la liberté. Un mal ou un bien?

En Libye ceux qui appellaient hier à l'aide ont prit le pouvoir assurant que la démocratie passerait pas la Charia. Les anciens révolutionnaires sont déconsidérés et exclus du pouvoir. Un mal ou un bien? 

En Egypte, le chaos alors même que les salafistes et les frères musulmans doivent diriger le pays aux premières heures de 2012. Une armée qui tue sans ménagement femmes, enfants et vieillards. Le centre égyptien créé par Napoléon qui brûle emportant dans sa lente agonie des millénaires d'Histoire. Ces même documents qui ont résisté à tous les cataclysmes mondiaux sont détruits. Des opposants mis en prison, un pouvoir militaire exactement identique. Seul la tête de Moubarak est tombée. Un bien ou un mal?

En Syrie, la mort rode à chaque coin de rue depuis 9 mois. Tortures, massacres en série, 5000 morts au moins, un pouvoir arrogant qui n'a cure des attaques verbales et des menaces de l'ONU. Un peuple seul face à son destin et encerclé par les chars.On laisse faire au nom de la stabilité. Un bien ou un mal?

En Algérie, un pouvoir qui tremble à l'idée de revoir l'islamisme surgir et qui réforme à tour de bras pour éviter à tous prix un nouveau chaos. La chape de plombs des années 90 qui était enterrée avec ses 200 000 victimes menace t'elle? Une obligation de se tourner vers son dernier allié et ancien oppresseur, la France. Une économie fleurissante mais corrompue. Un bien ou un mal? 

Les grandes Révolutions se sont faites sur des décennies. Mais s'agit il de véritables Révolutions ou juste d'un changement de masques? 

Aujourd'hui un an après, personne n'est en mesure de tirer un bilan qui permettrait de donner des gages de sureté pour le futur. Tout simplement parce que l'Histoire, la grande est toujours en marche. Le seul bilan qui peut être fait permet de voir ou en est le monde arabe 365 jours plus tard...

Un point commun à tous les pays touchés, le sentiment d'une année de Révolution mitigée et un peu volée. Le politique a détourné le rêve que certains à l'origine du mouvement avaient fait. 

Ou sont les pionniers de la révolte? Ou sont ceux qui criaient haut et fort leur haine du systême et leur volonté de liberté? 

Ils se sont tus. Par obligation, par dépit ou par abandon. 

 

Antoine Mokrane 

 

rev egypte Affrontements en Egypte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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